Thème 3 : Souveraineté économique et échanges internationaux dans la transition : quel équilibre ?

La poursuite des objectifs climatiques interagit de manière complexe avec les enjeux internationaux tels que les échanges commerciaux, la lutte pour le leadership technologique, les relations géopolitiques, etc. Quelle place donner aux enjeux de souveraineté économique dans la transition écologique ?

Réunion informelle des ministres de l'environnement et de l'énergie (crédit : Laurent Mignaux / Terra)

Le changement climatique est un enjeu mondial, et la grande majorité des Etats sont engagés, à des degrés divers, dans des stratégies de réduction de leurs émissions. La poursuite des objectifs climatiques ne s’opère pas en silo et interagit de manière complexe avec les enjeux internationaux tels que les échanges commerciaux, la lutte pour le leadership technologique, les relations géopolitiques, etc.

A l’échelle de la France (et de l’Europe), un enjeu important est de s’assurer que les politiques climatiques ne conduisent pas à délocaliser certaines activités vers des pays dont les réglementations environnementales sont moins contraignantes. Cela serait en effet à la fois dommageable pour nos économies, et pour le climat. Dans son paquet réglementaire « Fit for 55 » visant à mettre en œuvre l’objectif renforcé de -55% en 2030 des émissions de gaz à effet de serre au niveau européen par rapport à 1990, la Commission européenne propose d’introduire un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, visant à faire peser sur les produits importés le même niveau de tarification du carbone que ceux produits sur le territoire européen.

De fait, il paraît légitime de considérer que l’impact climatique d’un Etat ne se limite pas à ses émissions territoriales, mais à l’ensemble des émissions générées par sa consommation : on parle alors de l’empreinte carbone d’un pays (celle-ci prend en compte les émissions liées à la consommation des biens et services produits sur le territoire national ou importés, mais exclut les émissions liées aux produits et services exportés). L’empreinte carbone est plus difficile à évaluer précisément que les émissions territoriales, et ne fait pas l’objet d’une méthodologie cadrée au niveau international. Les Etats disposent par ailleurs de moins de leviers sur cette empreinte, puisqu’elle dépend en partie de l’intensité carbone des autres Etats. Néanmoins, il reste possible d’agir, et la France a par exemple adopté une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée.

La question de l’empreinte carbone fait légitimement l’objet d’une attention grandissante, et la France dispose depuis plusieurs années d’un indicateur statistique permettant d’estimer l’évolution de son empreinte carbone. Dans le cadre de la loi énergie-climat de 2019, les parlementaires ont également souhaité que la prochaine Stratégie nationale bas-carbone intègre des budgets carbone indicatifs pour l’empreinte carbone, en plus des budgets existants pour les émissions territoriales.

Un autre enjeu important pour la transition écologique est le niveau de dépendance aux importations. Aujourd’hui la France dépend très largement des importations d’énergies fossiles pour satisfaire ses besoins énergétiques. La poursuite de l’objectif de neutralité carbone offre une opportunité pour réduire cette dépendance énergétique. Ainsi le scénario sous-tendant la SNBC2 mobilise quasi-exclusivement les potentiels énergétiques disponibles sur le territoire national.

Il existe toutefois d’autres scénarios envisageables, notamment la possibilité d’importer dans le futur de larges volumes d’énergies décarbonées (gaz ou hydrogène renouvelables de synthèse par exemple) depuis des pays qui arriveraient à les produire en grande quantité. Cela pourrait être potentiellement plus économique, mais reviendrait à perpétuer notre dépendance énergétique (cf. question sur la fin des énergies fossiles en 2050 ).

Cet enjeu de dépendance économique concerne aussi la production de certains équipements ou de certaines ressources minérales. Il fait écho aux questions sur la capacité de la France, ou de l’Europe, à assurer la production dont elle aura besoin pour sa propre transition écologique.

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Place de l'empreinte carbone dans la définition de nos objectifs climatiques

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