Une nécessaire régulation des marchés par les pouvoirs publics

Clem - 15 Février 2022 - 12h11

L'agriculture aujourd'hui est coincée dans un ciseau de prix: les prix de vente des denrées alimentaires ne cessent de diminuer, et les prix des intrants ne cessent d'augmenter. Pour en sortir, les exploitants ont deux possibilités: augmenter le volume produit ou faire davantage de qualité. Option 1: L'augmentation des volumes nécessite plus de foncier, et des plus grosses machines (pour faire un nombre équivalent de passage dans les champs, car le temps de travail n'est pas extensible à l'infini). Autrement dit, de forts investissements, avec des risques importants (cours des marchés mondiaux très variables). Cela se traduit fréquemment par des taux d'endettements très importants, et parfois une crise sociale (mauvaise année et impossibilité de rembourser, suicides...) Option 2: Les agriculteurs font de la transformation (fromages), des labels, des circuits courts. Mais tout le monde ne peut pas le faire: les débouchés sont faibles, car seuls un petit nombre de consommateurs ont les moyens d'acheter ce type de nourriture. Ces actions ne permettent donc pas une transition agricole majeure. Par conséquent, les mesures proposées ci-dessus sont nécessaires, mais pas suffisantes. Selon moi, des actions politiques structurantes devraient être mises en place, et sont de l'ordre d'une régulation des marchés par les pouvoirs publics. - Au sein des filières: les agriculteurs sont face à des oligopoles: à l'amont (achat de semences, engrais, phytos) et à l'aval (petit nombre de laiteries, de négociants en bestiaux, de coopératives). Il est nécessaire que cette situation soit régulée et non pas uniquement discuté en interprofessions (où les seules décisions prises le sont à l'unanimité). - Au sein de l'UE et à l'international: nécessité de rétablir des droits de douane aux frontières, quand bien même cela signifie des sanctions de l'OMC et une diminution des exportations dans d'autres secteurs. L'agriculture est par essence un secteur dépendant des conditions pédoclimatiques, et où toutes les régions du monde ne sont pas aussi compétitives que les autres. La théorie des avantages comparatifs ne peut donc pas s'appliquer à ce secteur, du moins pas de façon compatible avec le maintien d'une souveraineté alimentaire. De plus, sur la question du pouvoir d'achat, quelques leviers peuvent être actionnés par les pouvoirs publics pour permettre aux consommateurs d'avoir une meilleure acceptabilité d'un prix plus rémunérateur pour les agriculteurs: - Des travaux sont réalisés sur une sécurité sociale de l'alimentation ; - Un encadrement des loyers (vraiment appliqué): la part dédiée au logement ne cesse d'augmenter dans le budget des ménages, et l'alimentation est devenue la variable d'ajustement. Enfin, il est indispensable de rendre obligatoires la transparence sur les marges entre maillons de la chaine de valeur (entre agriculteurs et distributeurs notamment) et de mieux les répartir !

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